Séminaire Transferts culturels 2017-2018
Organisé par Michel Espagne et Pascale Rabault-Feuerhahn
(UMR 8547 Pays germaniques – Transferts culturels).
Contact : michel.espagne@ens. fr ou pascale.rabault@ens.fr
25 MAI 2018 / L’EMERGENCE TRANSNATIONALE DES SCIENCES PREHISTORIQUES
Claude Blanckaert (Paris) Nommer le "préhistorique" au XIXe siècle. Linguistique et transferts lexicaux
Selon
une thèse admise, la nomination des sciences humaines est un élément
régulateur et identitaire. Les mots qui les désignent participent
d’un processus complexe de certification, d’agréments, de choix
collectifs. Ils favorisent la stabilisation des paradigmes et, en
définissant ainsi son territoire, la discipline se fait connaître et
surtout reconnaître. L’histoire de la préhistoire, « science
dans l’enfance » comme on le dit vers 1860, obéit idéalement à ce
canon. Néanmoins, le terme est jugé « vague », « élastique ». En effet,
la préhistoire est d’emblée une science-carrefour, d’une démarche
éclectique, revendiquant longtemps les grilles d’analyse
du géologue et du linguiste, l’évolutionnisme des ethnographes et le
goût patrimonial des antiquaires d’ancienne facture.
La
caractéristique traversière de la préhistoire est communément oubliée
aujourd’hui. Les historiens ont recadré leurs études sur ses
seules assises « archéologiques » en oubliant (ou en censurant le fait)
que le mot préhistoire, facteur présumé de consensus, fut d’abord
contesté. Le terme se diffuse dans les langues européennes dès les
années 1840. Cependant, chaque science constituée réclamant
son objet pour dû, et comme relevant en propre de sa juridiction, on
lui opposa au XIXe siècle d’autres dénominations rivales qui n’étaient
nullement équivalentes : archéo-géologie, ethnographie comparée,
paléontologie linguistique, palethnologie, anthropologie
primitive, palaetaphia… Le problème identitaire reste donc posé durant
ces décennies de fondation. La lexicographie est un bon indicateur de
toutes ces dissensions. Elle nous montre qu’une science, pour
s’installer, doit remanier à son avantage le cadastre
des connaissances, bousculer des frontières admises et justifier en
externe son droit à l’existence.
Chris Manias (Londres) : Negotiating Authority in Vertebrate Palaeontology, 1870-1930
In
the late-nineteenth and early-twentieth century, vertebrate
palaeontology became an extremely significant science across the world,
with
museum-based experts studying and defining the life of the past and
presenting it to public audiences through a range of displays and media.
However, rather than develop as a single approach, vertebrate
palaeontology was a field which mixed various disciplines
and scientific practices. Reconstructing extinct organisms, landscapes,
environments and lineages depended on a variety of techniques, ranging
from stratigraphic geology, comparative anatomy, evolutionary biology
and natural history, and also other forms of
expertise, with field excavation, art, sculpture and preparation all
combining to attempt to understand, reconstruct and display the life of
the past. This ensured that palaeontology became a meeting ground
science between practitioners from a range of different
backgrounds with different forms of expertise, who sometimes interacted
collaboratively, and sometimes tensely. This paper will look at some of
the ways that scientists, technicians, artists and writers involved in
palaeontological research attempted to combine
and relate different forms of expertise, and negotiated their
authority.
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